REBOUCLE – Interview Jean Louis De Vettor

Jean-Louis fait partie des responsables d’entreprises qui se réunissent depuis 2023 autours des enjeux de transition écologique avec la communauté de communes Bresse Haute Seille. Découvrez son entreprise, GC BAT et sa vision de l’économie circulaire.

 

Quel est ton bagage professionnel Jean-Louis ?

Après 10 ans au sein d’un groupe major dans le BTP, j’ai décidé de créer un établissement secondaire d’une PME en développement en 2015 : GC BAT Jura dont je suis le directeur. En 2022 j’entre dans l’actionnariat de l’entreprise. Je suis jurassien d’origine (Poligny) et très attaché à ce territoire.

 

Présente-nous l’entreprise

GC BAT (conception, construction, rénovation de bâtiments et ouvrages) est en fort développement depuis 2014. Il y avait 30 personnes, aujourd’hui nous sommes 300 collaborateurs pour un chiffre d’affaires de 72 millions d’euros. Le groupe regroupe plusieurs agences et filiales sœurs : GC BAT (composé de 9 établissements autonomes de génie civile, gros œuvre), GC BAT Formation (pour former les collaborateurs internes et depuis peu, aller former les salariées d’entreprises du territoire), PROJETIA (contractant général) et désormais ALD, entreprise de construction bois de 40 personnes situées à Port-Lesney que nous sommes très heureux d’intégrer au groupe.

Ce rapprochement avec la filière bois va dans le sens des réglementations et de la transition que vit le groupe (décarbonation, intégration de matériaux biosourcé). Les constructeurs que nous sommes doivent faire des choix différents, au détriment du béton classique, partout. Selon moi l’enjeu réside dans l’utilisation du bon matériau au bon endroit et la solution sera d’aller vers une mixité des matériaux et techniques.  

Pour en revenir à l’entreprise, il faut signaler que tout ce qui se fait est autour des collaborateurs, de l’humain, c’est la première valeur, en interne mais aussi dans le choix de nos partenaires. C’est le lien le plus fort, l’humain. Il faut donc créer son réseau, être présent dans les syndicats, dans les CFA, dans les événements professionnels, il faut fermer la chaine et en ouvrir d’autres : opportunités, idées, envies…C’est ça qui nous fait évoluer.

 

Quel est ton quotidien de chef d’entreprise ?

Un réveil très tôt, un café et journal au bureau au calme (avant l’arrivée de tout le monde). Quand les équipes encadrantes sont là, on fait le point sur les journées de la veille et les tâches du jour. Après, c’est du temps passé sur la gestion d’entreprises, les RDV commerciaux, également donner du temps à la profession (la filière). Au siège (Montchanin) nous avons le service comptabilité centrale et gestion des paies et plan de formation. Les recrutements se font par agence.

Le fait d’être DG et actionnaire fait que j’ai aussi des missions de management global, de stratégie, de plan de finances. Je manage aussi un service de « méthode », commun à toute l’entreprise. Pour pouvoir être disponible pour le développement et la direction, il faut savoir déléguer. Je considère que tu peux faire confiance et passer le relais, à partir du moment où tu fais grandir des gens qui peuvent prendre ta place, tu n’as plus d’intérêt à garder cette place.  Idéalement, je ne devrais même plus être sur les chantiers !

 

Tu parlais des réglementations dans le bâtiment, quid du réemploi ?

Ce n’est pas vraiment abordé en interne, tout simplement car je vois 2 grosses problématiques. Niveau modèle économique, la dépose soignée demande du temps, la prestation est plus chère que sur de l’achat neuf à ce jour. Niveau qualité, comment garantir la fiabilité d’un produit qui a déjà 15 ans, avec quelles assurances pour couvrir ?

Dans la filière on en parle, ça bouge un peu, notamment avec la REP bâtiment. Mais rien ne va décoller si on ne travaille pas par filière produit, avec un vrai tri des matériaux : réemploi ou recyclage ? Sauf que le tri, ça coute de l’argent. Est-ce qu’on doit aller chercher les acteurs de l’insertion pour créer ces filières ?  

Nous, PME, ne sommes pas interrogés par les pouvoirs publics sur cette partie technique et usages mais il y aurait sans doute des solutions à trouver, et travailler au cas par cas, car il ne faut pas oublier que chaque bâtiment est unique, c’est un prototype finalement, donc pas de « standards » (pour les coupes et mesures). En fait je crois plus au recyclage, qu’au réemploi dans la construction. Mais nous sommes ouvert sur les sujets novateurs ! La démarche RSE du groupe est en place depuis 8 ans, on s’est déjà beaucoup « imposé » de choses.  

 

Quel est le lien de l’entreprise avec le territoire ?

Le développement de GC BAT a été rapide mais on est resté proche de nos territoires, du terrain, des collaborateurs, dans les 9 agences de Bourgogne Franche Comté et Auvergne Rhône Alpes.

On est un acteur local à Domblans, connus du territoire, on embauche dans un rayon de 15kms et nos chantiers sont à 1h max autour de l’agence jurassienne, c’est à dire de Morez à Chalon (O/E) et de Mouchard à Bourg (N/S).